
Historique de l'Elfe

Le bateau est construit en 1930 par
le chantier Bonnin à Lormont sur les plans de l’architecte
François Camatte et mis à l’eau sous le nom
“ d’Eilen ” en 1931.
François Camatte est alors un des architectes
les plus réputés pour la jauge
internationale. Ce voilier soumis à la jauge des 6 m JI
est un yacht
typé pour le petit temps et bien adapté au bassin
d’Arcachon, son lieu de navigation.
Propriété de M. Dupuy, il régate
dès le mois d’août de la même année
mais avec des résultats moyens. Le bateau est vendu à
un autre arcachonnais, M. Henry Loste, dont les qualités
de régatier permettent à “ Eilen ” de
s’illustrer, bien que le bateau ai déjà six
ans. Rebaptisé “ Calédonia ”, il gagne
la Coupe Clerc-Rampal, la Coupe Goldet et la Coupe Excelsior,
puis figure second dans la Coupe de la Désirade et dans
la Coupe du Figaro.
Malheureusement, le décès de la femme
de M. Loste met un terme prématuré à ces
beaux succès. Il vend “ Calédonia ”
à M. Jacques Dayde et le bateau est une seconde fois débaptisé
pour être dorénavant “ ELFE ”.
Un nouvel exploit est relaté dans la revue
“ Le Yacht ” du 12 août 1939 :
“ Elfe, à M. Jacques Dayde, gagne
brillamment ces deux premières régates : Coupe d’Arcachon
et Coupe du Grand Hôtel. Cette double victoire est tout
à l’honneur des demoiselle Dayde qui barrent Elfe
à tour de rôle, et qui toutes deux se classent désormaiscomme
d’excellentes skippers ”.
La même revue rapporte le 26 août 1939
le déroulement des Régates d’Arcachon :
“ Les quatre journées de régate eurent lieu
avec des brises totalement différentes, ce qui permit de
se faire un idée exacte de la valeur des bateaux.. Par
petite brise, Elfe de M. Jacques Dayde est incontestablement le
meilleur et peut difficilement être battu ; deux journées
de petite brise lui permettent de ce fait de remporter deux victoires
nettement détaché de ses concurrents. A noter, en
outre, la régate courue par forte brise ou Elfe réussit
à se classer deuxième à 21 secondes d’Hamsa
II à M. René Dayde ”.
Puis, “ ELFE ” passe la guerre dans
les chantiers Bonnin à Arcachon ou il est racheté
à la Libération par M. Lefèvre-Utile. Cet
industriel amateur de régates débaptise “
ELFE ” pour l’appeler “ Mambo ”, qui quitte
pour la première fois les eaux du bassin d’Arcachon
pour naviguer en Bretagne Sud. Le bateau est en parfait état
et M. Lefèvre-Utile le dote d’unmât métallique.
C’est une première en France pour la série
des 6m.
“ Mambo ” est deux fois en lice pour
les sélections françaises des jeux olympiques. Malheureusement,
il termine deux fois deuxième, cédant la place à
“ Bihannic ” notamment.
En 1965, M. Lefèvre-Utile se sépare
de “ Mambo ”. Il appartient à André
Nicol mais, “ Mambo ” a maintenant 34 ans et le bateau
supporte mal sa mature métallique qui le fait vieillir
prématurément. Les voiles en dacron plus rigides
que le coton ne font qu’accélérer cet inexorable
processus.
Le 6 m JI est alors abandonné sous la pluie,
dans un bac à charbon d’où il sera miraculeusement
sauvé, en 1971, par un marin pécheur, George Le
Botlanne qui le rachète en tant qu’épave et
le remet en état.
En 1973, il devient la propriété
de Pierre Le Maout qui le dote d’un mât prototype
Elvström qu’il possède encore aujourd’hui.
Il s’appelle alors “ Golem II ”.
En 1975, il devient la propriété
de Daniel Riou qui le ramène à Arcachon. “
Golem II ” alors 44 ans et il retrouve le bassin d’Arcachon
ou les fonds sont refaits par Bossuet. (Le bateau faisait énormément
d’eau et l’on passait plus de temps à pomper
qu’à régler les voiles...).
Le bateau navigue très peu et en 1987, M.
Riou cède le bateau à un chantier arcachonnais ou
il est heureusement entreposé sous hangar. C’est
là qu’il est découvert par son actuel propriétaire
qui le fait venir à Noirmoutier par camion. Le bateau est
alors reponté, partiellement remembré et il navigue
à nouveau.
“ ELFE ” a été classé
parmi les monuments historiques le 12 juin 2002.
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