
Historique du Saint-Yves

L'installation des bateaux-lavoirs à
Laval remonte au milieu des années 1860. Ce n'est qu'à
partir de 1960 seulement que leur déclin devient sensible.
Le système des bateaux-lavoirs s'est généralisé
en quelques années (entre 1861 et 1870 plus de 20 demandes
d'autorisation sont déposées à la Division
des Travaux Publics) car il répond à un double besoin :
d'une part la population souhaite une meilleure utilisation de
l'eau et ses habitudes vestimentaires ont changé (la diffusion
de vêtements plus légers, en coton nécessite
des lavages plus fréquents),
d'autre part, les blanchisseries de linge traditionnelles sont
confrontées à la restructuration du paysage riverain,
notamment par la réalisation de quais le long de la Mayenne.
De ce fait, l'apparition des bateaux-lavoirs et
leur histoire est liée à celle de la ville.
L'achèvement des quais est un moyen de faciliter
le trafic fluvial, de limiter les inondations et de donner du
travail à une population subissant dans les années
1862-1865 la crise cotonnière (la guerre de Sécession
a interrompu les approvisionnements de coton américain).
Dès lors que les bateaux-lavoirs n'apportent
pas d'entraves à la navigation, les services préfectoraux
ne voient pas d'inconvénients à leur installation
le long des quais, à la condition toutefois de respecter
des consignes très strictes en matière d'amarrage.
Cependant, devant leur multiplication, la municipalité
émet de 1866 à 1868 de vives réserves principalement
au nom d'arguments esthétiques. Après la Libération,
l'installation de nouveaux bateaux-lavoirs n'a plus été
accordée par l'administration mais l'activité va
subsister jusqu'en 1971.
Il existait deux grands types de bateaux-lavoirs
:
- Ceux à un niveau constituant l'annexe d'une buanderie
et d'un séchoir installés sur la berge, couverts
ou non couverts,
- Ceux à deux niveaux servant à la fois de lieu
de travail et d'habitation.
L'activité se déroulait à
la fois à l'étage inférieur où se
trouvaient deux chaudières ainsi qu'à l'étage
supérieur doté de deux cuves comme sur le " SAINT-JULIEN
".
On observe entre 1895 et 1910 un renouvellement
important de la flotte des bateaux-lavoirs plus long que les bateaux
de la première génération à un niveau,
construits entre 1865 et 1875.
La longueur la plus fréquente pour les bateaux
construits vers 1900 comme le " SAINT-YVES " et le "
SAINT-JULIEN" passe de 20 à 30 m pour une largeur
de 5 m.
Les embarcations les plus petites étaient
peut-être construites à Laval, c'était en
revanche exceptionnel pour les bateaux à deux niveaux probablement
construits à Angers.
L'on constate en effet une certaine similitude
de technique d'assemblage entre la gabarre, chaland de bois a
fond plat construit en Maine et Loire, et la cale d'un bateau
lavoir. En 1959, la flotte des bateaux-lavoirs est limitée
à 9 unités. Dix ans plus tard, beaucoup d'entre
eux sont désaffectés, démolis, reconvertis
ou transformés en habitation.
Les années soixante forment une période
de transition (les machines à laver familiales se diffusent,
faisant disparaître peu à peu les laveuses) et deux
bateaux-lavoirs sont convertis en blanchisserie "industrielle".
Par ailleurs, leur manque d'entretien les place
au centre d'une contestation basée de nouveau sur des arguments
esthétiques. En 1965, le Conseil municipal de Laval décide
de "ne pas laisser subsister les bateaux-lavoirs lorsqu'ils
n'auraient plus de raison d'être en tant qu'installations
destinées au lavage du linge".
Le début des années soixante-dix
voit pourtant l'adoption d'un nouveau discours en matière
de protection des derniers bateaux-lavoirs.
Cependant, après des hésitations,
la municipalité a réussi à préserver
deux bateaux témoins :
le " SAINT-YVES " (l'ancien " BAZILLER " de
1904) et le " SAINT-JULIEN " (anciennement " POIRIER
", en 1905) classés tous deux monuments historiques
le 2 décembre 1993.
Si la réutilisation du " SAINT-YVES
" ne parait pas encore parfaitement bien définie,
le " SAINT-JULIEN " est depuis 1985 une annexe du musée
municipal, et en tout état de cause, la ville de Laval
dispose ainsi d'un patrimoine unique en France.
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